Dans les années 1980, des étudiants diplômés de l’Université McGill ont réalisé les premières cartes s’appuyant sur des données des rôles d’évaluation foncière à l’aide de crayons de couleur et de papier calque. Au milieu de la décennie, nous utilisions un ordinateur central (qui n’était disponible qu’à 2 h du matin, ce qui nous a rendus nocturnes). Nous sommes passés aux ordinateurs de bureau dans les années 1990. Vers l’an 2000, grâce à un peu de financement et à de l’aide technique, nous sommes entrés dans le domaine émergent des systèmes d’information géographique historique (SIGH). Nous avons créé un partagiciel à l’intention du public, et certains téléchargements effectués dans le format ESRI ArcExplorer (de courte durée) ont été rendus disponibles sur le site Web créé par Robert Sweeny à l’Université Memorial de Terre-Neuve. En 2014, nous sommes passés au logiciel de cartographie de source ouverte QGIS et, en collaboration avec l’équipe du CIEQ, nous avons entrepris d’adapter nos réalisations pour le Web.
Nous avons voulu dépeindre la situation avant et après une série de booms immobiliers tout en tirant parti des meilleures cartes disponibles, soit celles produites en 1825, 1846, 1881 et 1912. Le rôle d’imposition de 1903 est le seul à avoir été imprimé et publié. En utilisant la reconnaissance optique de caractères (ABBYY Finereader 12) et après en avoir patiemment corrigé les erreurs, nous en avons fait une base de données numérique. Des rôles d’évaluation précédents (1848, 1860 et 1880) ont été transcrits par des étudiants de McGill. Nous avons travaillé fort pour les relier à l’information des recensements de 1881 et de 1901. Au cours de cet intervalle de vingt ans, Montréal a connu des dizaines de milliers de naissances, de décès, de mariages, d’arrivées et de départs. Chaque mariage a réorganisé la structure des ménages. Qui allait-on choisir comme chef de famille?
Les rôles d’évaluation fournissent des données sur les secteurs se trouvant sur le territoire de la ville. Entre 1880 et 1900, Montréal a annexé de nombreuses banlieues: Saint-Gabriel, Saint-Jean-Baptiste et Hochelaga. Nous avons aussi quelques données sur ces banlieues, grâce à des registres dont a hérité la Ville.
Quels types d’erreurs pourriez-vous trouver sur le site? En vérité, des erreurs de toutes sortes. Nous examinerons ici certaines des plus évidentes. Mais lesquelles sont les plus graves? Cela dépend de votre recherche. Par exemple, lorsque Patricia Thornton et Sherry Olson (voir la section Contributeurs·trices) ont analysé les taux de mortalité infantile, elles ont découvert que les données correspondant à «moins de 1 an», à «1 an» et à «2 ans» étaient d’une précision illusoire. Ayant besoin de données précises, elles ont donc vérifié l’âge des jeunes enfants en consultant les registres des baptêmes. Généralement, l’âge inscrit dans le recensement est précis pour l’année en cours étant donné qu’il était normalement compilé par les recenseurs en utilisant les dates de naissance rapportées par les répondants.
Le recensement de 1901 fournit des adresses municipales, mais elles figurent sur une page séparée (bulletin de recensement) du document. Certaines de ces adresses sont ambigües, et il manque parfois le numéro de porte. D’autres demeurent introuvables sur les cartes. Dans certains cas, nous avons supposé que plusieurs familles vivaient dans la même maison… et nous nous sommes peut-être trompés. Lorsque Jean-François Hardy, du CIEQ, s’est rendu compte que de nombreux ménages semblaient établis à l’extérieur des limites des divisions de recensement, Robert a vérifié plusieurs milliers d’adresses de recensement en utilisant les annuaires Lovell et les rôles d’évaluation foncière. Apparemment, les recenseurs outrepassaient parfois les limites du territoire qui leur avait été assigné. Il semble aussi qu’une petite division ait réuni divers établissements se trouvant dans diverses parties de la ville.
Parce que le recensement de 1881 ne fournit pas les adresses, l’équipe du projet MAP a dû apparier les noms des chefs de famille recensés avec les noms des occupants listés dans les rôles d’évaluation ou dans les annuaires Lovell. Les déménagements et les homonymes ont compliqué encore davantage ce travail déjà hasardeux.
Les codes ID renvoient aux rouleaux de microfilm ou aux images en ligne où vous pouvez consulter les documents sources (recensement ou rôle d’imposition). L’ID du ménage recensé spécifie l’unité administrative («Ann» pour «St. Ann», etc.), la division de recensement («11», «16», etc.) et la séquence des ménages. Les codes ID des individus sont composés du numéro de page et du numéro de ligne de la feuille du recenseur, ce qui vous permet d’examiner le microfilm de cette feuille en ligne.
Il peut être éclairant de savoir comment une erreur a pu se produire. Les recenseurs notaient généralement les noms des membres des ménages dans un ordre établi: père, mère, enfants (du plus âgé au plus jeune), ainsi que pensionnaires et domestiques. Or les gens qui transcrivaient cette information ont pu manquer le début d’un nouveau ménage, spécialement dans le cas de ménages solitaires ou lorsque les pages du recensement étaient microfilmées de manière incorrecte. De nombreux noms recensés sont compliqués à épeler, un problème accentué par le fait que de nombreuses personnes ont pris part à la collecte et à la transcription de l’information. Les versions numériques du recensement peuvent avoir été des chefs-d’œuvre de collaboration, mais cela complique aussi le relevé des raisons possibles d’une erreur particulière!
Tout d’abord, les recenseurs eux-mêmes ont fait des erreurs. La plupart d’entre eux étaient bilingues (français et anglais) et écrivaient plutôt bien. Toutefois, certains répondants étaient analphabètes, ce qui forçait par exemple un recenseur francophone à imaginer comment écrire leur nom, parfois peu courant, tel que McGillicuddy ou Sheehan. En 1861, les résidents qui savaient écrire ont été priés de remplir les formulaires eux-mêmes, mais la qualité de leur écriture variait considérablement. Les recenseurs chargés d’inscrire des noms chinois en 1901 étaient désespérés ou probablement laissés à eux-mêmes.
Lorsqu’ils inscrivaient le nom de famille d’une femme, les répondants et recenseurs canadiens-français donnaient généralement son nom de fille, tandis que ceux d’origine britannique tendaient plutôt à donner le nom de son époux. Et bien que les superviseurs à Ottawa aient fait parfois des «corrections», leurs changements ne sont pas clairement expliqués.
Jésus-Christ des Saints des derniers jours (qui a son siège dans l’Utah) a entrepris de transcrire les noms et dates de naissance figurant dans les recensements, de même que dans les actes de baptême, de mariage et de sépulture tenus dans les églises. Malheureusement, le travail a été confié sans tenir compte des compétences linguistiques des bénévoles et il est possible que des bénévoles de l’Utah, de la Colombie-Britannique ou de l’Ohio aient été choisis pour travailler dans des registres de Montréal. Souvent, ils n’étaient pas familiers avec les noms, l’épellation et la prononciation français. Ils n’avaient pas de claviers avec les accents français et ils avaient du mal à distinguer les noms de filles et de garçons, ou à faire la distinction entre des mots masculins et féminins (p. ex. ouvrier et ouvrière). Parfois, ils inversaient les prénoms et les noms de famille.
D’autres personnes ont tenté de réparer ces erreurs. Lisa Dillon, par exemple, a programmé une fonction visant à remplacer les barres obliques et à changer l’ordre de présentation des prénoms et noms de famille.
En ce qui a trait aux actes de mariage et à l’ordre dans lequel figurent le mari, l’épouse, l’enfant le plus âgé, etc., Sherry Olson a créé une variable à part pour les noms de fille des femmes. Elle a également compilé un dictionnaire des «doubles noms» (introduits par «dit»), par exemple Janot dit Lachapelle ou Tribot dit L’Africain. Ces noms étaient très communs avant 1870, et on les voit encore dans des sources récentes.
Rosalyn Trigger et Ben Johnson se sont appliqués respectivement à corriger les noms chinois du recensement de 1901. Ben en savait beaucoup sur les noms et les lignages chinois, alors que Rosalyn avait examiné les dossiers et l’histoire des missions presbytériennes et catholiques auprès des résidents chinois de Montréal. Aucun des deux n’était satisfait des résultats. Il existe deux excellentes histoires de la communauté chinoise de Montréal au tournant du XXe siècle, mais aucune ne comprend de recensement. Même s’il nous a été impossible d’apparier des noms lorsque nous préparions une carte des blanchisseurs, nous avons réussi à apparier des adresses. Les archives municipales contiennent une pétition des blanchisseurs de Montréal (1900) qui fournit la seule liste fiable de noms et d’adresses.
Lorsque nous avons relié des données de diverses sources, nous avons fait une découverte déconcertante. Se pouvait-il qu’une famille (comme des centaines d’autres) ait été placée dans la mauvaise division de recensement? Comment une telle chose avait-elle pu se produire? Avions-nous situé l’adresse du mauvais côté de la rue? Manquait-il le numéro de porte? La ville comptait-elle deux voies de circulation du même nom?
Même si nos objectifs de recherche se sont modifiés, nous avons gardé le cap sur les populations plutôt que sur les personnes. Lorsqu’on rédige la biographie ou que l’on prépare la généalogie d’une personne, on doit vérifier chaque fait sur le microfilm du recensement, le rôle d’imposition ou le registre paroissial. Heureusement, plusieurs de ces sources sont maintenant disponibles en ligne. Lorsqu’on étudie de grands groupes de personnes — 25 ou 30 familles établies sur un tronçon de rue, la population d’une division de recensement ou un groupe de personnes dont le nom de famille commence par B — on a moins besoin de s’inquiéter des fautes d’orthographe ou des erreurs de calcul, pour autant qu’il n’y en ait que quelques-unes! En d’autres mots, on s’appuie alors sur la loi des grands nombres.
Concernant le recensement de 1901, nous utilisons des échantillons créés par six équipes de recherche différentes poursuivant chacune un objectif particulier. Ces échantillons combinés fournissent des données sur le quart de la population de la ville. L’agglomérat en question n’est pas représentatif de la population, car les points d’échantillonnage — les ménages sur lesquels nous avons recueilli une information de recensement complète — couvrent tous les résidents de certains quartiers (voir la section Cartes thématiques à l’échelle du ménage) et une poignée de résidents seulement dans d’autres. Si vous téléchargez des données, vous pouvez travailler avec l’un des six échantillons ou les combiner de différentes façons. Vous pouvez vous concentrer sur un quartier bien couvert ou compléter les données manquantes à l’aide d’un mini-échantillon de votre choix. Les notes ci-dessous vous aideront à travailler avec les données.
Les 65 000 ménages montréalais recensés en 1901 sont listés dans un index qui fournit les noms, les âges et les adresses de leurs membres. De plus, chaque ménage est associé à l’une des 561 divisions de recensement indiquées sur la carte. Dans les années 1990, avant que les microfilms de Statistique Canada soient rendus disponibles au public, les six équipes de recherche mentionnées ci-dessus ont reçu la permission de recueillir des échantillons pour en faire l’analyse. Chaque équipe avait ses propres objectifs de recherche et a employé ses propres stratégies d’échantillonnage. Grâce aux six bases de données numériques créées par ces équipes, tous les détails (plus de 100 variables) sont disponibles au sujet du quart des ménages montréalais.
Vous pouvez utiliser des registres disponibles en ligne pour connaître une personne, confirmer une adresse, trouver une information manquante, ou vérifier un doublon ou un échantillon. L’index, transcrit par des bénévoles mobilisés par l’Église de Jésus-Christ des Saints des derniers jours, est disponible sur automatedgenealogy.com. Les images des feuilles de décompte soumises par les recenseurs sont disponibles sur microfilm à l’adresse collectionscanada.gc.ca/archivianet.
Voici une brève description des stratégies d’échantillonnage utilisées par les six équipes de recherche mentionnées ci-dessus ainsi que les liens vers de plus amples détails et une discussion sur les limites des données en question.
Certains échantillons ont été compilés en fouillant les microfilms et les bases de données au sujet de toutes les familles (100%) lorsque le chef de ménage répondait à l’un des critères suivants: né en Italie ou en Chine, d’origine africaine, juif, ou de nom de famille commençant par la lettre B (12%). Ces échantillons se sont révélés très complets et comportaient des adresses fiables. Les sous-ensembles de familles chinoises, juives et italiennes ont été codifiés sous la variable ethnique.
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Pour obtenir des renseignements ou faire des suggestions: info@cieq.ca | ||
Sherry Olson sherry.olson@mcgill.ca Département de géographie Université McGill 805, rue Sherbrooke Ouest Montréal (Québec) H3A 0B9 |
Robert C.H. Sweeny rsweeny@mun.ca Département d’histoire Université Memorial de Terre-Neuve St. John’s (Terre-Neuve-et-Labrador) A1C 5S7 |
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