Les historiens chérissent leurs sources, et Montréal est particulièrement riche en documents anciens. Les passionnés d’histoire peuvent fureter dans le passé urbain en remontant jusqu’aux années 1650! Le projet MAP se concentre sur le demi-siècle entre 1848 et 1912. Son nom renvoie à la richesse des cartes disponibles et au fait que le passé fait partie de notre avenir, tout comme notre avenir doit tenir compte du passé. Le site offre la possibilité d’explorer nos sources et les données qu’elles fournissent sur la ville entre 1848 et 1912.
Nous présentons ici nos sources et nos bases de données en donnant des exemples de chacune. Vous y découvrirez les types de cartes et de données qui sont à votre disposition. Rappelez-vous que les cartes sont nos pièces maîtresses. En alliant quatre types de cartes et quatre types de bases de données, les indices se multiplient au grand plaisir des explorateurs de contenus historiques.
Les cartes de la fin du XIXe siècle et du début du XXe sont d’excellentes sources d’information. Nous vous présentons ici les atlas publiés par C.E. Goad en 1881 et 1912. Ils sont rares, fragiles et volumineux, mais grâce aux techniques d’imagerie modernes, vous pourrez en apprécier tous les détails. Ces cartes sont si détaillées qu’on y trouve chaque passage pour cheval et charrette. La maison est-elle faite de bois ou d’un matériau plus résistant au feu: pierre, brique ou placage de brique?
À partir des images sources, nous avons créé des cartes informatives tout en rendant les données plus lisibles et faciles à traiter. Ces couches de carte permettent de zoomer sur un pâté de maisons ou, à l’inverse, de faire un zoom arrière incluant les grands ensembles, le mont Royal et le fleuve.
Vous pouvez aussi superposer deux cartes pour découvrir des relations. Par exemple, afficher des images de l’atlas de Goad de 1912 sous une carte de la ville actuelle. Zoomez en fonction de vos besoins en utilisant les boutons zoom avant et arrière . (Les cartes de Goad ont été publiées à l’origine à une échelle de 1 pouce = 400 pieds.)
Nos cartes peuvent combiner des données de plusieurs sources. Ainsi, la majeure partie de l’information se rapportant à l’appartenance, à la densité et aux domestiques (section De porte en porte) provient des recensements de 1881 et 1901, tandis que pour apparier ces données avec des emplacements particuliers, il a fallu consulter les rôles d’évaluation.
Les cartes thématiques vous permettent d’analyser des questions en regroupant plusieurs ensembles de données. Les cartes peuvent éclairer vos questionnements. Dans quelle mesure, par exemple, la répartition des loyers coïncidait-elle avec la répartition des personnes par langue ou par religion? Vous intéressez-vous à un ménage, à un pâté de maisons ou à un quartier? Comment les métiers ont-ils évolué au fil du temps? Quelle proportion de terrains de la ville était bâtie en 1901, comparativement à 1881? Comment les nouveaux arrivants, tels que les immigrants juifs de 1890, se sont-ils adaptés aux tendances démographiques?
Chaque document d’archives a sa logique. Comment est-il né? À qui était-il destiné? À quelles fins a-t-il été produit? Cette logique contraint l’utilisation et exige souvent le recours à d’autres sources. Les tableaux produits à l’aide des recensements de 1881 et 1901 comportent deux parties: les ménages et les membres des ménages.
Cinq ménages sur six formaient une famille nucléaire − père, mère, enfants (ils incluaient parfois des enfants de nom de famille différent, issus d’un mariage précédent). Un ménage sur dix comptait une domestique et une famille sur six était étendue (grands-parents, belle-famille ou pensionnaires). Plusieurs dizaines de ménages étaient «spécialisés» (presbytère, évêché, petit refuge pour femmes de la WCTU, etc.) et deux douzaines de ménages étaient «surdimensionnés» (séminaire, pensionnat, hôtel Windsor, divers hôpitaux, orphelinat, prison, couvents). En 1901, près de 4% de la population vivait dans des ménages institutionnels. Certaines feuilles de recensement s’y rapportant sont difficiles à interpréter. Quels résidents étaient «logés» dans un établissement? Qui y était serviteur, employé ou consultant? Qui y était directeur?
Le recensement de 1901 pose un problème particulier. Bien que tous les ménages figurent dans un index (la plupart avec une adresse), ce dernier fournit peu d’information sur les membres du ménage, seulement le nom, l’âge, la date de naissance et l’état matrimonial. On peut en apprendre davantage par une recherche sur microfilm ou en ligne. Toutefois, pour le quart des ménages, nos nombreux collaborateurs nous ont aidés à ajouter l’ensemble des renseignements personnels consignés dans le document original. Pour examiner certaines variables du recensement telles que la religion, la langue et la profession (les plus intéressantes), ils ont établi des échantillons. Six équipes de recherche distinctes ont donc collecté des données à des fins différentes et selon leur propre stratégie d’échantillonnage. La section De porte en porte présente les données fournies par ces équipes au sujet des résidents de 33 petits quartiers. Pour en savoir plus sur les stratégies d’échantillonnage et les limites des bases de données du recensement de 1901, rendez-vous à la section Dans l’atelier.
Les rôles d’évaluation renseignent sur les propriétés individuelles: superficie du lot, valeur soumise à l’impôt foncier et nom du ou des propriétaires qui reçoivent le compte de taxes. Ils permettent de différencier assez facilement les propriétaires d’entreprise et les particuliers, tous classés suivant leur appartenance religieuse: catholique, protestante ou «neutre». Cette curieuse pratique était nécessaire pour acheminer les taxes scolaires aux commissions scolaires catholiques et protestantes. MAP a créé des versions numériques des rôles d’évaluation de 1848, 1860, 1880 et 1903.
Les rôles d’évaluation renseignent aussi sur les occupants d’une propriété: propriétaires, locataires résidentiels ou locataires commerciaux utilisant l’endroit comme magasin ou espace de travail. Les occupants payaient leurs taxes en fonction de la superficie occupée, telle qu’elle était consignée au moyen d’un «mini-recensement» effectué en juin. Ce document n’indiquait pas le nombre de membres de la famille, d’employés ou de pensionnaires. Cependant, les occupants qui gardaient des chevaux, les exploitants de taverne (auberge ou hôtel), les charretiers et les chauffeurs de taxi devaient payer une licence spéciale, et les rôles d’évaluation les identifiaient clairement. MAP a créé des versions numériques des listes d’occupants rattachées aux rôles d’évaluation de 1848, 1860 et 1880 (mais pas 1903).
Les rôles d’évaluation sont essentiels à l’ensemble du projet MAP vu la précision avec laquelle ils cataloguent les propriétés de la ville. Celui de 1880 énumère 12 000 lots, chacun avec son numéro de cadastre et son adresse. Ils ont été enregistrés de manière séquentielle pour faciliter le travail des évaluateurs fiscaux et des percepteurs.
Les annuaires Lovell des entreprises montréalaises sont une formidable source de détails sur les entreprises et les professionnels. Les originaux sont disponibles en ligne à BANQ. Dans les éditions de 1881 et 1901, les noms figurent par ordre alphabétique ou par nom de rue et numéro de porte. MAP a créé des versions numériques des annuaires de 1848 et 1881 où vous pourrez faire une recherche selon une profession, selon les femmes chefs de ménage, ou encore selon les propriétés d’une entreprise ou société. Comme les entrées sont liées à la carte, vous pourrez vous concentrer sur un pâté de maisons ou un tronçon de rue.
Un ensemble complexe de données − La force du projet MAP réside dans la possibilité de suivre une personne à travers plusieurs sources de données ou d’utiliser l’information d’une base de données pour en interpréter une autre. Or, dès que l’on fait ces recoupements, on se bute à des problèmes. Certaines personnes ne peuvent tout simplement pas être liées; elles disparaissent dans une source ou l’autre. Nous nous sommes parfois trompés, méfiez-vous donc de nos erreurs!
Le recensement de 1901 fournit des adresses sur une page distincte du document de recensement. Certaines de ces adresses sont ambigües, et il manque parfois le numéro de porte. D’autres demeurent introuvables sur les cartes. Dans certains cas, nous avons supposé que plusieurs familles vivaient dans la même maison; ce n’était peut-être pas vrai. Mille ménages ne semblent pas situés dans le bon secteur de recensement.
Le recensement de 1881 ne fournit aucune adresse. Cependant, nous avons pu localiser entre 85% et 90% des ménages en liant le nom du chef de ménage à celui de l’occupant inscrit dans le rôle d’évaluation (ou parfois dans l’annuaire Lovell). Cela nous oblige à poser la question: en quoi les ménages que nous ne pouvons pas localiser sont-ils différents de ceux sur la carte? Nous ne croyons pas qu’il existe un biais de sélection important, mais nous ne pouvons pas en être entièrement certains.
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Sherry Olson sherry.olson@mcgill.ca Département de géographie Université McGill 805, rue Sherbrooke Ouest Montréal (Québec) H3A 0B9 |
Robert C.H. Sweeny rsweeny@mun.ca Département d’histoire Université Memorial de Terre-Neuve St. John’s (Terre-Neuve-et-Labrador) A1C 5S7 |
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